Pathologies de l'épaule et retour à l'emploi

Cet article de la revue Références en Santé au Travail de l'Inrs, fait le point les TMS de l'épaule, leur physiopathologie, les facteurs de risque et les facteurs pronostiques d'évolution de ces pathologies, ainsi que ceux du retour au travail dans cette situation.
En France, la prévalence des TMS de l’épaule serait d’environ 7 %. Ils représentent 36 % de l’ensemble des TMS reconnus en maladie professionnelle mais avec une sous-déclaration très importante. La durée moyenne d’arrêt de travail pour une maladie professionnelle touchant l’épaule est de 355 jours. De telles durées illustrent bien le risque de désinsertion professionnelle, et par comparaison avec la population générale, les personnes atteintes d’un telle pathologie incapacitante de l’épaule perdent de 1,8 à 8,1 années de vie professionnelle selon l’âge.
Les facteurs de risque des TMS de l'épaule sont professionnels (flexion et abduction répétées de l’épaule, travail avec les mains au dessus du plan des épaules, sollicitation gestuelle excessive, port de charges lourdes, efforts importants, répétitivité gestuelle, utilisation d’outils vibrants, etc.), psychosociaux mais aussi extra-professionnels (travail domestique, sport, loisirs) et également personnels (âge, genre féminin, obésité, diabète, anxiété, profil prédisposant au burnout, dépression, mauvaise santé générale, faible soutien social).
Si les cas les plus précoces et les moins graves posent des difficultés de retour au travail encore maîtrisables, les cas les plus lourds relevant de la chirurgie et/ou de la médecine physique et de réadaptation sont pourvoyeurs de désinsertion professionnelle. En effet, une chirurgie de la coiffe des rotateurs, même réussie ne restitue jamais une épaule ad integrum et les capacités restantes sont généralement insuffisantes pour un travailleur manuel, d’autant que le contexte professionnel de l’affection (déclaration en accident du travail ou maladie professionnelle) ou un contentieux professionnel ou assurantiel, augmentent le délai de retour au travail.
Le succès de la réinsertion professionnelle repose sur une collaboration soutenue entre les différents partenaires impliqués en travaillant sur les obstacles au retour et en s’appuyant sur les facteurs facilitant : aménagement de poste avec reprise de travail graduelle, reclassement professionnel, voire reconversion professionnelle.
Les auteurs concluent que la promotion de conditions de travail durablement soutenables et compatibles avec la physiologie de l'épaule, et ce dès le début de la carrière professionnelle, est importante aujourd'hui pour prévenir les pathologies de demain.
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